• Jolie, vous avez dit jolie ?


    J’ai peur de lui dire mon prénom. C’est con…

    J’hésite toujours avant de dire mon prénom. Comme si tout pouvait changer si j’en disais un autre… Un autre moi.

    Une autre vie.

    Lorsque tu dis comment tu t’appelles  un nombre inconsidérable de déductions faciles et de raccourcis rapides s’enclenchent dans la tête de ton interlocuteur, sans même qu’il s’en rende compte. Les « Julie » sont énergiques, les « Thérèse » sont cathos, les « Jessica » des pétasses !

    Je sais. Oui je connais déjà sa vanne, sur mon prénom. Je l’entends depuis que je suis toute petite. Comme une ritournelle.

    Au début c’est mignon, tu te dis «  d’accord » c’est mon prénom, mes parents, leur amour, c’est moi, je l’aime. Alors tu te plies à son pouvoir, comme le roseau face au vent, tu le laisses imprégner ta personnalité, tu te glisses dans ses lignes et ses rondeurs, tu deviens ce que ton prénom attend de toi. Ce qu’on projette sur toi lorsqu’on l’entend.

    « Je ne suis pas celle qu’on croit. Je ne sais pas pour autant qui je suis, et si je le savais serais-je vraiment celle-là », la langue d’Anna de Thomas Bernard. C’est dans ma tête.

    Je me noie dans mes mois.

    J’ai un problème d’identité, vous l’aurez compris ! J’ai un visage d’ange et une âme de diablotin. Ça grouille à l’intérieur, une effusion de lave coule dans mes veines, ça brûle. Je suis brulante. Mais la lave ne s’écoule pas, le feu s’étouffe en dedans. Car je suis celle qu’on veut que je sois. Malgré moi.

    Et pour compléter cette douce schizophrénie d’adolescente mal dans sa peau  j’ai eu la bonne idée de devenir comédienne ! Avec ce physique passe partout et ce flou à l’intérieur je pensais pouvoir endosser toute sorte de rôle mais c’était sans compter les fantasmes et autres projections des metteurs en scène abusifs ! On ne me donne que les rôles de jeunes premières, de grandes tragédiennes déchirée, de jeunes femmes souffrantes et intelligentes. Jamais  de bonne, de pute. Jamais drôle, toujours belle.

    Et là encore, tu commences par accepter et te glisser dans cette vision de toi qui doit bien être un peu toi puisque tout le monde y croit. Mais au fond, cette petite voix qui te dit « ce n’est pas toi ».

    Ca fait dix ans que je fais ce métier, et ça commence à chatouiller. De toute part, de tout côtés. J’aimerais du sale, du glauque, de la Lisbeth dans Millénium, du Copy et du Lady Macbeth ! Mais moi je suis Agnès dans Molière ou Chimène dans Corneille. Et comment pourrais-je me plaindre ? Quand je me regarde dans le miroir ça se craquelle. Ca y est. J’y suis. Des fissures sur mon visage. Je m’approche de la glace et je peux voir ses failles s’agrandir et se remplir d’eau. Doucement.

    Je pleure.

    Et la misère de ce métier n’arrange rien. Pas d’argent. Pas de boulot. Pas de justice.

    Quand j’étais petite et que je sortais du chemin dicté par mon prénom, je répondais

    «  Danseuse au Lido » quand on me demandait ce que je voulais faire plus tard. Ca faisait rire tout le monde. Sauf moi. Parce que c’était vrai. Et ça c’est accroché à mes entrailles. Danseuse-comédienne-circasienne, autant de corde à mon arc pour m’aider à y arriver. Mais pas de gibier à tirer, mon arc ballotte.

    C’est donc un rêve.

    Adolescente je pensais mourir si je ne faisais pas de la scène mon gagne-pain, c’était une question de vie ou de mort. J’avais cette fougue de la jeunesse qui dépose en toi le grain de la mélancolie. Celui qui grandit avec toi et que tu respires les soirs de chiales quand personne n’est venu te voir jouer, que tu es rentrée sous la pluie, maquillage qui coule et cœur mouillé.

    Accroché dans mes entrailles.

    Aujourd’hui ce n’est plus la mort qui me perdra. Aujourd’hui j’ai peur de la folie.

    Dans la galère d’un comédien, il y a la barre, les théâtres vides, aux rames, l’injustice du piston et autres petites magouilles, et dans les cales, les rats du métier, ceux qui t’épuisent en retards et faux rendez-vous, les beaux parleurs, les envieux et les pervers. Alors mon rêve j’en fais mon oreiller nuage pour dormir sur mes deux oreilles toute la vie.

    Oui. STOP. Tant pis.

    Mon visage est devenu la carte du monde. Plein de frontières.

    Je passe le concours de bibliothécaire. Programmation culturelle, livres, accès à l’éducation et au savoir, actualités, tris, archivages. Ça me dit. Et j’aime les histoires.

    Et depuis que j’ai trouvé cette roue de secours. Mon prénom me laisse tranquille. Je vais mieux. Je trouve un moi qui me va bien. Un moi à moi. J’ai tiré des traits sur celles que je ne serais jamais, j’ai fait le deuil de ces femmes-là, la bohémienne en roulotte, la grande actrice narcissique, la working girl inébranlable. Et ça me va. Je sens l’adulte pointer le bout de son nez, celui que je regardais avec méprise, colère et dégoût. Maintenant la petite voix au fond, je l’entends lui susurrer

    « Viens »

    Le jour du concours, je n’ai pas révisé. Les autres candidats ont l’air gentil. Ça recommence. Je ne me sens pas à ma place. J’entre, je panique, ne trouve pas mon nom. Mon cœur cogne à la porte comme s’il voulait me dire quelque chose. Mon souffle s’emporte et personne ne me voit. Distribution des sujets.

    « La véracité de l’information sur internet. »

    Je me mets à écrire. Comment est-ce possible ? Je n’ai pas révisé. La plume s’envole, l’encre plane et moi je ne suis plus là. A la sortie, j’ai un trou. Impossible de me souvenir de ce que je viens d’écrire. Je ne sais plus. Rien. Comme la piscine municipale en décembre un dimanche à neuf heure. Trou noir.

    Je suis admissible. Je ne comprends pas. J’ai… J’ai. Je n’ai pas. Je ne sais plus. Un fossé se creuse dans mon ventre, mon oreiller nuage s’évapore. Je devrais faire la fête. Là j’ai juste envie de m’étouffer avec mes draps. A l’oral je suis bien là. Mais ce n’est pas moi. J’ai bien appris ma leçon. Je suis quand même un peu celle qu’on veut que je sois. Malgré moi. Alors oui j’ai bien appris ma leçon. Je joue la comédie. C’est bon. Je souris. Mon sourire fait des étincelles. Le sourire c’est important pour faire semblant.

    Me voilà bibliothécaire. Le rôle de ma vie. Ça me plait. Vraiment. L’odeur des livres comme l’odeur d’un théâtre, les vestiaires pour les loges, les collègues pour la troupe. Et les pages… Qui tournent… Le bruit des pages… Frrr, ou Trrrr, ou ststst… On dirait une fourmilière. Ça remue. Je me perds dans les rayons. Je ne suis pas en pause, quand on me cherche, je suis là quelque part, les yeux grands ouverts, face à une étagère, un titre m’a fait rêver et je suis partie... Mes collègues ne me parlent pas. Ils me trouvent bizarre. J’ai des absences et mon visage se gerce, encore. Je ne comprends pas. Dans ces rayons quelque chose m’appelle. Et la réserve c’est encore pire. Pour la première fois mon corps et ma tête ne sont pas connectés. Mon esprit vagabonde dans des contrées lointaines, alors que mon corps reste bien là. J’ai parlé avec  Solal, il voulait me faire prendre un bain mais je n’ai pas trouvé d’évier à la réserve.

    Moi qui suis d’ordinaire si terrienne, toujours en accord, tête-corps, c’était ma force, mon atout de comédienne. Tête-corps. A l’écoute, je n’avais rien à faire, ça venait naturellement. Mes gestes, la parole. Un.

    Aujourd’hui. Deux. Je suis double. Mon enveloppe, et quand je l’ouvre ça s’échappe. Immédiatement. Sans que je puisse faire quoique ce soit. Mes pensées cabriolent, mon corps immobile, comme un crocodile en hivers. Souffle tranquille, regard vitreux.

    J’écoute Frédéric me parler de Paris, je discute avec Camille de nos corps de femmes, j’oublie mon travail dans les pages de ces romans. Je dévore des yeux, je lis aussi. Et je finis par engloutir Gargantua. On me surprend avec les pages dans la bouche… Mon esprit revient seulement dans mon corps lorsque je vois le regard terrifié de ma collègue. Je réalise, je sens le papier entre mes lèvres. Je reste coi. Je… Je… Que m’arrive-t-il ?

    Quelques jours de vacances.

    Ca s’accélère. Je n’arrive pas à revenir. Je me coupe, me pince, fais tomber le cadre, me griffe, moi qui n’ai pas une seule cicatrice sur mon corps. Je ne me blessais jamais avant. Mon corps divorce. Je suis seule. Qui suis-je ? Je ne comprends pas ce qu’il veut ce corps. Ma tête. Et si c’était ma tête le problème ? Je récite Cyrano «  Un baiser qu’est-ce ?un serment fait d’un peu plus prêt, une promesse… ». Ma tête va bien.

    Accroché à mes entrailles.

    Retour au travail. J’essaie de reconnecter mon cerveau et ma chair. J’essaie de les réconcilier. Je fais mon propre Cupidon pour me sauver la vie. Je dis tout ce que je fais, ça m’aide :

    «  Je prends mon crayon de papier », «  je pose Bilbo le hobbit sur l’étagère ».

    Je ressemble à une autiste ! Mais au moins ça me fait rire. Ça faisait longtemps…

    Je vais mieux depuis quelques mois. Je me suis vidée. Pour réunir les deux, il fallait en supprimer un. J’ai éliminé l’esprit. Je ne pense plus. J’avais tant de fois essayé de ne plus penser, voir si c’était possible, on a tous déjà fait cette expérience, essayer de ne pas penser. Mais ça revient toujours. Normalement. Aujourd’hui j’y arrive. Mon corps vit son indépendance. Je ne sais pas s’il aime ça. J’ai remarqué des cicatrices. Entre les cuisses. Et sur les poignets. Comme des griffures de ronce. Je ne sais pas d’où ça vient. Ça doit être mon corps qui parle. Moi je ne dis plus rien. A personne. Ma voix n’existe plus. J’ai oublié sa sonorité.

    19h35 : tiens on m’a enfermé dans la réserve ! Flûte ! J’ai sommeil moi. Et faim ! J’avance… Tam tam tam font mes pas. J’aime bien. Un sourire. BLAM. Un livre par terre. BLAM BLAM BLAM BLAM BLAM Je ris. Les livres tombent. Je vais dormir. Les mots me portent. C’est confortable des livres. Couchée sur un tas de romans. Le pied. Je me love dans notre littérature. Et mon rire qui résonne. C’est moi. Je m’entends. C’est bien moi. Mon corps me reconnait, il frisonne. GLIM.

    Je farfouille entre les couvertures pour trouver ce qui vient de tomber. Mon briquet. CLICK.

    La flamme née. Mes yeux s’allument. Je me souviens du grouillement d’avant, de la lave qui coulait dans mes veines, de ce feu dans mes yeux. Je veux manger cette flamme. Oups, ça l’éteint. Je ris.

    CLICK

    Elle vacille. Le silence.

    Je suis déjà morte. Je suis morte le jour où j’ai rayé une de mes mois pour la première fois. J’écris entre les lignes de La nuit des temps mon histoire. Et je signe de mon prénom.

    Je m’appelle Emilie. Emilie Jolie.

    CLICK


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  • Fameux.

    Mortification: synonyme de pilule sur le net.

    Mortification.

    Corps mort.

    Mais peau fraîche et  net, réglé comme du papier à musique. Seulement trois gouttes seulement trois jours. Yeah ! Avec Vania je me sens belle et libre comme l’air. Un chiffon sous la chatte et on change le monde.

    Et puis l’odeur. C’est vrai, pire que les cités, heureusement il y a tampax. Maintenant je peux prendre le métro même quand je saigne. Personne ne le sent personne ne le voit. Je suis femme.

    Pas de poil, pas de transpiration, pas de règle.

    Nous ne sommes plus des mammifères mais bien des morts à tout faire.

    Prescrite à tour de bras. Oui, les femmes ne se contrôlent pas. Prends la pilule ma chérie et éclate-toi.

    Petit cacheton rose et blanc, tous les jours de ta vie, petite pilule magique pour protéger tes envies. Mais. Mais plus tu la prends. Moins tu as. Et ton chéri. Lui. Ne comprend pas.

    Corps lisse et vide. Tu te touches, te sens, mais où es-tu ? Puis le temps passe, tu oublies et fais avec. C’est normal, je suis une femme.

    Un jour ça s’arrête. Comme ça, parce que, voilà. Et là bulle de vie.

    Ta peau se réveille, ça se craquelle, des chemins se creusent, des bosses reviennent, tu te vois dans le miroir, de nouveau tu es toi. Tu te reconnais. Etre humaine. Ces imperfections tu les aimes, elles te montrent la vie à l’intérieur. Ton corps, il est bien là, sous toi, tu l’éprouves.  Il respire, tu l’entends et l’écoute, tu sens dedans. Le cycle naturel.

    Oui tu as mal. Fallait pas manger la pomme. Ou naître femelle. Mais grâce à ça tu peux faire naître et tu es toi. Alors tu prends et profites. Allonger dans ton lit, pliée, tu t’aimes et lis et rêve et pense. Seule avec toi-même. En connexion avec ton intérieur. Corps esprit. Il avait disparu, petite pilule cachotière.

    Et tu ressens. Tu pleures, tu ris. Extrême. Etre énervé ou en colère,amusé ou coquine, pas qu'à moitié. CA boue et ça resort.Te voilà toi.

    Et le désir…Même l’air qui te frôle te donne envie. Quelqu’un passe derrière tes reins, tu frémis. Une imagine, un mot, un regard et tu fonds. Ton plaisir n’a jamais été aussi bon. Tes fantasmes resurgissent, ton esprit transpire, ton corps réclame. Enfin ! Ce n’était pas toi. Ce n’était pas lui.

    Petite pilule rose briseuse de volupté.

    Petite pilule rose je ne prendrai plus jamais.


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  • Je n’ai pas mis de petite culotte.  Dans les rues de Paris. Je suis venue pour lui. « Lui » travaille toute la journée, enfermé dans un bureau de 9 m², à essayer de changer le monde, dans un bureau de 9m² ! Mais ne le voit pas, le monde.  Il me laisse seule au petit matin après m’avoir fait l’amour longuement. Il me laisse moite et rougie par nos ébats. Sans se retourner. Je cours à la fenêtre,  je l’appelle encore, et lui montre mes fesses une dernière fois. Il rit mais  part quand même.

    Je visite Paris, sans petite culotte. J’ai envie de sentir le vent s’engouffrer au plus profond de mon ventre. L’air de Paris me chatouille les lèvres et réveille ma peau. Et autre chose aussi. Un je ne sais quoi là-dedans. Ça me fait penser : je suis l’héroïne de ma propre série B. L’amour, l’AMOUR ! J’ai choisi il y a bien longtemps l‘incertitude du lendemain et les papillons dans le ventre plutôt que la stabilité et la sagesse. J’aime sentir de nouvelles mains découvrir mon corps. Je vais là où mes hormones me mènent. J’aime l’aventure avec un grand A. Toujours prête à sauter (un) dans l’inconnu. Dans le métro, je me demande si ma jupe est transparente, on regarde un peu trop mes fesses. Alors je me mets à déclamer Lorenzaccio: «  Ah ! Les mots, les mots, les éternelles paroles !...»
    Maintenant on me regarde pour quelque chose. Je sais faire oublier mon cul quand il faut.

    Le wagon se remplit. Les corps se frottent, se serrent, mais rien, le regard vitreux. On ne veut surtout pas croiser le regard d’un autre. Ou pire : parler !  Moi j’ouvre grand les yeux. J’aime l’être humain. Son enveloppe. Les grains de beauté, la forme des lèvres. Les jambes. Je transpire le désir. Les roulis du wagon, la chaleur, tous ces êtres réunis au même endroit, le métal du bord des sièges, ce froid qui fait naître un frisson.

    Un jeune homme marmonne à ses amis qu’il déteste le métro. Il n’a pas l’air content. Mais il est beau. Brun et ténébreux. Moi coincée entre son buste et la vitre, sentant sa ceinture caresser les boutons de ma jupe, je le regarde et murmure « je ne trouve pas ça si désagréable moi… » Ses amis aussi ont entendu. Il me considère étonné. Je suis un cadeau de Noël. Je m’approche doucement. Ouvre-moi. Plus que quelques centimètres. Un baiser. A peine, je dois descendre. J’espère qu’il aimera le métro maintenant. Je n’ai pas de petite culotte et flirte avec Paris. Demain ce sera Florence, sans soutien-gorge, mon cœur sortira de sa poitrine au moins deux fois, je dormirai dans des draps rouge, et dans les rues résonnera ma voix déclamant Phèdre «  Oui, Prince, je languis, je brûle ».


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  • Je lève les yeux. Papier peint jauni qui se décolle dans les coins. Je tire la chasse d’eau, qui coule. J’ai salivé, c’est trop tard. Je ne vomirais pas. Quand on salive c’est foutu. J’ai appris ça sur un site internet. Je suis une fausse anorexique. La honte ! Je réessaies. Bordel !?!  Pourquoi j’y arrive pas ?! Mon majeur et mon index collés l’un contre l’autre, se faufilent dans ma bouche jusqu’à chatouiller ma glotte. Pas chatouiller. Plus écraser, ma glotte. L’arracher. Si je pouvais j’enfilerais ma main toute entière pour réussir à ma faire vomir! Mais ma mâchoire me fait mal alors je tousse, je tousse, je crache et retire mes doigts. Et merde. Je souffle. J’espère qu’il n’y a personne qui attend à côté. Je mange toujours trop au restaurant. Je mange toujours trop en général. J’ai les yeux qui piquent, pas parce que j’ai envie de pleurer, nan, parce que ça fait mal, de s’écraser la glotte. Je suis une fausse anorexique. Bonjour, je m’appelle Lili, j’ai vingt-deux ans, je mesure 1,67 et demi et pèse 63 kilos. D’après mon IMC je ne suis pas en surpoids, pile poil dans les normes. J’emmerde les normes. C’est normal j’ai vingt-deux ans. Tout va bien dans ma vie. J’ai une chance inouïe : je suis bonne élève, j’ai des parents qui s’aiment encore, une famille unie, des frères et sœurs sympas, des amis que j’aime, et des amoureux un peu partout, je n’ai pas de tard physique ni de maladie incurable, un toit pour m’endormir et de l’argent à dépenser. Tout va bien dans ma vie. Je ne peux pas, je n’ai pas le droit d’être malheureuse. Puisque tout va bien dans ma vie…Juste, je me fais vomir dans les toilettes que j’ai sous la main. C’est pas très grave. J’y arrive pas de tout façon. Ça fait trois ans que j’essaie. Trois ans que je salive. Les conseils des sites Internet ne marchent pas. Bide total! Je suis une fausse anorexique. La honte.

    Bon, allez, lèves-toi Lili sinon maman va s’inquiéter! Elle doit déjà être en train de tapoter ses doigts sur la table en se demandant ce que tu fais dans ces putains de toilettes. Peut-être même qu’elle est déjà derrière la porte ! Merde.. !

    Ouf personne. Un coup d’eau sur le visage et c’est repartie pour la grande comédie «  Oui, dans ma vie tout va bien, merci ». C’est le sourire qui fait tout. Penser au sourire. Un sourire frais et ensoleillé. J’ai un super sourire. Ce n’est pas si facile… Les gens ont-ils vraiment envie de savoir que vous n’allez pas bien

    Quelque fois je ne sais pas quand je joue ou non, quand je mens ou pas.

    Elle me parle tout le long du trajet, elle me bombarde de questions, il fait bon, je réponds par automatisme, mais dans ma tête il n’y a que ces deux doigts qui ne veulent rien faire sortir. Et soudain elle me demande si ça va. Elle me dit que je suis pâle. Là, maintenant, à ce moment précis, je voudrais tout lui dire. Tout..

    "C’est la chaleur ».

    On continue. Et merde. Ca s'appelle être une vraie handicapée de la communication ! Il parait que c’est la maladie du siècle : « la mal communication ». Voilà une société où les maris ne remarquent plus leur femme enceinte congeler leurs bébés !

    Et après on te demande de "parler" à ta mère,q ue la solution se trouve dans la discussion ! Laisses-moi rire. C’est dure de dire à sa mère qu’on essaie de se faire vomir sans savoir pourquoi. Je n’ai aucune raison d’être malheureuse. Alors je lui dis quoi ? «  Hé maman j’ai 22 ans et je suis en pleine crise d’ados !  Tu veux pas laver ma jupe ? ».

    On arrive, elle me dépose les courses et sur le pas de la porte me demande si je suis sure que ça va. Elle devine tout. Elle comprend toujours. C’en est hallucinant et assez énervant. Mais elle ne sait pas toujours bien gérer. Je ferme la porte et file dans ma chambre. Les murs sont couverts de photos. Amis d'un jour ou de toujours, ou qui ne sont plus là. Je me couche. Des fois il suffit de dormir et tout va mieux. Je ne suis pas dépressive, je ne suis pas malheureuse, je ne me trouve pas moche, ni transparente, il y a juste des jours où ça va moins bien. Et comme je suis excessives, c’est excessif. Demain j’irais bien.

     

    Il faut que j’écrive, j’ai besoin d’écrire, là tout de suite maintenant à 4h32 couchée dans mon lit je me dis qu’il faut que j’écrive. Mais j’ai cette flemme. La même qui vous fait tourner cent fois la question dans la tête : « ai-je vraiment envie de faire pipi ? "

    Et après une demie heure d’intense réflexion, et grosses gouttes de sueur, vous vous retrouvez au toilette.

    Et bien là c’est pareil, je n’en ai plus pu. J’ai rallumé mon ordinateur et me voilà tripotant mon clavier. J’ai un blog. Oui j’ai un blog. J’en ai même deux. On n'arrive plus à parler mais déballer sa vie sur Internet ça on maîtrise. Un adolescent sur deux tient un blog . Face à nos écrans d’ordimenteurs on se sent moins seuls. Intéressant. Des blogs comme journaux intimes "seuleument" lisibles par la terre entière. Les cahiers sont démodés, les plumes n’en parlons pas ! Ca fait une bosse sur le majeur quand on écrit avec un stylo, et dans une société où le physique importe autant, une bosse sur la majeur ça compte. Avant c’était preuve de travail et de créativité aujourd’hui c’est vieillot et très laid .

     J’ai passé un week-end de pure jeunesse. C'est-à-dire rempli d’abus. J’ai été vivante. Mais à quel prix ?

    Aujourd’hui je me retrouve sur mon blog, avec cette envie d’écrire et ces textes morbides digne d’une adolescente gothique en mal d’amour ! Il parait que l’écriture vient toujours quand ça va mal. Effectivement après les abus il y les conséquences. Le réveil. Ce mal de cheveux qui n’est rien comparé au mal de cœur qui suit. Celui qui te chuchote à l’oreille que tu es bien seule. Bien seule, même après avoir embrassé sept garçons, trois filles, être sortie avec un de ces garçons pendant quelques heures, le temps de faire l’amour avec un autre, en couple lui aussi, mais depuis 6 ans... Oups.

    Je me sens sale, seule et suppliante. Une fille paumée et terrifiée. Je regarde l’heure sur mon téléphone potable : 4h 16… Je ne sais pas quoi faire. Je vais faire une bêtise. Je relis mes textos. Encore un peu et j’ouvre ma boîte à souvenirs pour replonger dans mes lettres accumulées depuis des années !

    Non ! Bon… Et voilà j’ai envie d’envoyer un sms ! A n’importe qui, pourvu qu’il me réponde. J’ai envie de me sentir aimé, j’ai envie de savoir que quelque part, quelqu’un pense à moi et peut me répondre à 4h21 du matin quand je ne vais pas bien. Mais qui ? Je fais le tour de mon répertoire : Superman, crashtest, Loutre des neiges, Wenard. Heu?! Pourquoi a-t-on toujours besoin de donner des surnoms ridicules à ses amis ?!

    Et mon surnom à moi c’est quoi ?Comment me nomme t-on dans les répertoire de mes amis ? Lili l’insomnie ? Lili la comédie ? Lili l’allumeuse ? Lili l’écureuil ?Les malheurs de Lili ? Pfff.. J’ai envie d’envoyer un message, pour me sentir moins seule, pour me vider, un peu. Mais à qui bordel ?!

    Je refais le tour de mon répertoire. Evidement je sens que je vais écrire à un garçon ! Au moins ça me fait déjà une première sélection.

    J’ai un problème avec mon moi. J’ai un problème avec les garçons. J’ai un problème avec les bonbons. J’ai un problème avec moi, les bonbons et les garçons.

    « La vie c’est comme une boîte de chocolats tu sais jamais sur quoi tu vas tomber ». Mais c’est surtout comme les hommes de cette planète : il y en a toujours trop, dès qui restent au fond et dés qui sont mangés en premier. Moi j’ai ouvert ma boîte il y a pas mal de temps déjà, et depuis je suis en overdose de chocolat. C’est peut-être pour cela que j’essaie, en vain, de me faire vomir ! Mes problèmes sont beaucoup liés aux hommes, je crois, et au sucre, oui c’est vrai.

    Je souhaite par-dessus tout être une femme du nouveau millénaire : libre, belle et puissante: «  Ne m’aide pas à porter mes cartons », « Je sais où chercher du bois, pour qui tu me prends ? », «  Pas forcement besoin d'un père, l'enfant moi je le fais toute seule sans problème », «  Tu ne dormiras pas ici, alors t’installes pas trop », « Le boulot et la carrière avant tout » ! Je suis une femme du XXIe siècle indépendante et fière ! Mais au fond, Cendrillon et sa putain de chaussure de vair est mon conte préféré ! Et quand un homme, avec un beau et grand sourire me tient la porte pour me laisser passer, je fonds comme devant le paquet de « M&M » sur le comptoir du magasinier !

    Et là à 4h32 du matin, emmitouflée dans ma couette et prête à pleurer, je me souviens d’eux. De tous. Enfin j'espère! Encore une statitique pourrie: la moyenne pour une fille agée de 20 à 25 ans en 2008 est de 5 partenaires sexuels. Et pas par mois ou par année, non non, en tout! Au jour où on les a questionnées. Re oups...

    J'ouvre un paquet de fraises tagada. Le sucre colle au doigts. Je pense à lui. A chaque fraises avalées, un garçon. La crise de foi n'est pas loin. Ma vie est une série B.

    Alors je l'écris. La voici...

     


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  • sur un blogg internet on écrit,

    dans un petit carnet on crie.

    Prends du recul face à mes mots,

    je joue des doigts pour faire le beau,

    mais si tu lis bien, tu verras toi

    tout n'est pas vrai, crois moi.

    Entre vérité et exos,

    entre fiction et réalité,

    molle du cerveau

    ou textes bien trouvés

    je cherche, fouine et racole pour le bon mot.

    Meme si, le plus approprié il n'est!

     

    ici j'explore l'écrit, ailleurs je raconte ma vie. Mais ça tu ne le liras pas.


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