• Variante sur Paris. Libertin

    Je n’ai pas mis de petite culotte.  Dans les rues de Paris. Je suis venue pour lui. « Lui » travaille toute la journée, enfermé dans un bureau de 9 m², à essayer de changer le monde, dans un bureau de 9m² ! Mais ne le voit pas, le monde.  Il me laisse seule au petit matin après m’avoir fait l’amour longuement. Il me laisse moite et rougie par nos ébats. Sans se retourner. Je cours à la fenêtre,  je l’appelle encore, et lui montre mes fesses une dernière fois. Il rit mais  part quand même.

    Je visite Paris, sans petite culotte. J’ai envie de sentir le vent s’engouffrer au plus profond de mon ventre. L’air de Paris me chatouille les lèvres et réveille ma peau. Et autre chose aussi. Un je ne sais quoi là-dedans. Ça me fait penser : je suis l’héroïne de ma propre série B. L’amour, l’AMOUR ! J’ai choisi il y a bien longtemps l‘incertitude du lendemain et les papillons dans le ventre plutôt que la stabilité et la sagesse. J’aime sentir de nouvelles mains découvrir mon corps. Je vais là où mes hormones me mènent. J’aime l’aventure avec un grand A. Toujours prête à sauter (un) dans l’inconnu. Dans le métro, je me demande si ma jupe est transparente, on regarde un peu trop mes fesses. Alors je me mets à déclamer Lorenzaccio: «  Ah ! Les mots, les mots, les éternelles paroles !...»
    Maintenant on me regarde pour quelque chose. Je sais faire oublier mon cul quand il faut.

    Le wagon se remplit. Les corps se frottent, se serrent, mais rien, le regard vitreux. On ne veut surtout pas croiser le regard d’un autre. Ou pire : parler !  Moi j’ouvre grand les yeux. J’aime l’être humain. Son enveloppe. Les grains de beauté, la forme des lèvres. Les jambes. Je transpire le désir. Les roulis du wagon, la chaleur, tous ces êtres réunis au même endroit, le métal du bord des sièges, ce froid qui fait naître un frisson.

    Un jeune homme marmonne à ses amis qu’il déteste le métro. Il n’a pas l’air content. Mais il est beau. Brun et ténébreux. Moi coincée entre son buste et la vitre, sentant sa ceinture caresser les boutons de ma jupe, je le regarde et murmure « je ne trouve pas ça si désagréable moi… » Ses amis aussi ont entendu. Il me considère étonné. Je suis un cadeau de Noël. Je m’approche doucement. Ouvre-moi. Plus que quelques centimètres. Un baiser. A peine, je dois descendre. J’espère qu’il aimera le métro maintenant. Je n’ai pas de petite culotte et flirte avec Paris. Demain ce sera Florence, sans soutien-gorge, mon cœur sortira de sa poitrine au moins deux fois, je dormirai dans des draps rouge, et dans les rues résonnera ma voix déclamant Phèdre «  Oui, Prince, je languis, je brûle ».


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